mercredi 27 août 2014

KLAUS BARBIE (1913-1987)

Nikolaus dit Klaus Barbie, ou Klaus Altmann
 
25 octobre 1913, Naissance à Bad Godesberg (Empire Allemand). Ville de la République Fédérale Allemande de 1949 à 1990, C’est aujourd’hui une commune Allemande de Bonn en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Entre 1913 et 1923, Ses parents étaient catholiques et tous les deux enseignants. Son père avait combattu à Verdun puis blessé et fait prisonnier, il ne s’est jamais remis de la défaite Allemande et était alcoolique.
Jusqu’en 1923, il est allé à l’école où son père enseigna puis fut admis dans un pensionnat à Trèves.
1925, Toute la famille a déménagé pour Trèves.
Il voulait étudier la théologie et devenir universitaire mais la conjoncture de l’époque a fait qu’il a été dirigé vers l’adhésion obligatoire au reichsarbeitsdienst (service de travail).
1er Avril 1933, Klaus Barbie obtient son baccalauréat et rejoint les jeunesses hitlériennes. Ses parents et son jeune frère Kurt décèdent la même année.
25 Septembre 1935, Il adhère aux SS sous les ordres d’Helmut Knochen (1910-2003), futur chef de la SIPO-SD en France. Il commence à travailler, à Berlin, au service central du Sicherheitsdienst (SD), le service de sécurité du parti nazi qui deviendra service de renseignements du Reich par un décret du 11 novembre 1938. Il reçoit ensuite une formation d’enquêteur au quartier général de la police de l’Alexanderplatz. Après quelques semaines à la brigade criminelle, il est affecté à la brigade des mœurs. 
1936, Il est muté à Düsseldorf.
1937, Il passe par l'école du SD à Bernau avant d’être envoyé suivre un cours d’officier à Berlin-Charlottenburg. 
1er Mai 1937, Les listes du NSDAP ayant été fermées en avril 1933, ce n’est qu’à leur réouverture que Barbie devient membre du parti.
Fin 1938, durant trois mois, il effectue son service militaire au 39e régiment d’infanterie, puis poursuit sa formation d’officier. 
20 avril 1940, il est nommé SS-Untersturmführer (sous-lieutenant SS). 
25 Avril 1940, Il se marie  à Düsseldorf avec Regina Willms (membre du parti nazi depuis 1937 et travaille dans une crèche de l’association des femmes nazies) peu de temps avant l’invasion de la Hollande par l’armée allemande, à laquelle il prend part. Klaus Barbie y est envoyé au sein d'un détachement de la Sipo-SD (Sicherheitspolizeiund Sicherheitsdienst, police de sécurité - État - et service de sécurité - parti nazi) à la section VI (Amt VI, Ausland-SD, renseignements à l'étranger) chargée de la préparation du débarquement en Grande-Bretagne. Avant même que celui-ci ne soit annulé, Klaus Barbie est muté à la section IV (Amt IV, improprement appelée Gestapo, en fait formée des sections [Abteilungen] II et III de la Gestapo et de la section centrale [Zentralabteilung] III2 du SD Hauptamt). Dans ce cadre, d'abord à La Haye, puis Amsterdam, il participe activement à la poursuite et à la rafle des juifs, des francs-maçons et des émigrés allemands. 
25 Mai 1940, Membre de la Section des affaires juives du SD à La Haye (Pays-Bas).
Octobre 1940, Il « travaille » avec tant de zèle qu’il est promu lieutenant SS Obersturmführer.
9 Novembre 1940, Nommé Sous-lieutenant (SS-Obersturmführer)
20 Avril 1941, Pour avoir été l'un des officiers les plus énergiques dans l'assaut du ghetto juif d'Amsterdam et pour avoir commandé des pelotons d'exécution, il est décoré de la croix de fer de seconde classe (Eisernes Kreuz II.Klasse).
Juin 1941, Il aurait participé aux Pays-Bas à la rafle de 200 juifs.
30 Juin 1941, Naissance de sa fille Ute.
Eté 1941, Bien que cela ne soit pas mentionné sur ses états de service, Klaus Barbie aurait été envoyé en URSS, dans un commando spécial de la Sipo-SD, chargé de la lutte contre les partisans sur les arrières de l'armée allemande 
21 Mai 1942, Comme il est bien noté et qu'il parle français, Klaus Barbie est nommé chef de la sécurité à Gex, sous-préfecture de l'Ain en France, à proximité de la frontière suisse. En fait, une mission délicate l'attend : il doit enlever Alexander Foote (1905-1957), un agent secret travaillant pour l'URSS à Genève. Barbie réussit à soudoyer le chef d'un poste de la garde-frontière suisse et s'introduit en Suisse par le poste de Prévessin-Moëns, douane proche de sa résidence privée, avant de constater qu'Alexander Foote avait disparu.
Juin 1942, Klaus Barbie est affecté au Kommando der Sipo-SD (KDS) de Dijon où il est chargé de la surveillance des douaniers allemands.
Juillet 1942, Il est au casino de Charbonnières-les-Bains dans les faubourgs de Lyon où, avec une partie du commando DONAR, il est chargé de détecter les radios clandestines.
Novembre 1942, Il devient responsable de la section IV de la gestapo de Lyon, section chargée de la répression des crimes et délits politiques (lutte contre les résistants, les communistes, les juifs…).
Février 1943, Klaus Barbie devient le chef de la Gestapo de la région lyonnaise (troisième officier, par ordre d'importance, au sein du KDS de Lyon). Sous ses ordres, sont torturés et exécutés de nombreux résistants, dont Jean Moulin.
9 Février 1943, Il fait arrêter 86 personnes au siège de l'UGIF, situé 12, rue Sainte-Catherine à Lyon.
Mai 1943, Adjoint du chef de la police nazie de la région de Lyon, le commandant Werner Knab (1908-1945), en même temps qu’il continue de diriger la section IV de la Gestapo à Lyon.
Début juin 1943, Le siège de la gestapo, initialement installé à l’hôtel Terminus, est transféré dans les bâtiments de l’Ecole de Santé militaire, 14 avenue Berthelot.
21 juin 1943, il arrête, à Caluire, Jean Moulin (1899-1943), fondateur du Conseil national de la Résistance (CNR), chargé par le général de Gaulle d’unifier les mouvements de résistance français.
8 Juillet 1943, Jean Moulin, torturé à Lyon sous les ordres de Barbie, puis conduit à Paris, meurt des suites de ses tortures dans le train qui le transfère en Allemagne.
Août 1943, Il arrête aussi personnellement, à la demande de Joachim Von Ribbentrop (1893-1946), Albert Lebrun (1871-1950) et André François-Poncet (1887-1978) en Isère. Surnommé « le boucher de Lyon », il donne l'ordre d'exécuter de nombreux otages et de déporter des milliers de Juifs à Drancy — étape intermédiaire avant Auschwitz. 
18 septembre 1943, Le Reichsführer-SS Heinrich Himmler (1900-1945) exprime sa reconnaissance à Barbie pour « son rendement spécial en matière criminelle et son engagement infatigable dans la lutte contre les mouvements de résistance en France ».
9 Novembre 1943, Il obtient la Croix de Fer de 1ère classe.
6 Avril 1944, Il envoi au siège de la Gestapo à Paris un télex rendant compte de la rafle à Izieu de 41 enfants et 10 adultes juifs (de fait 44 enfants, dont trois adolescents, et 7 adultes).
11 août 1944, Il réussit à faire partir directement de Lyon pour Auschwitz le dernier convoi de déportés avec 650 personnes dont 342 non-juifs et 308 juifs.
Septembre 1944, Il se trouve dans les Vosges.
5 septembre 1944, Sa présence est attestée à Bruyères avec de nombreux membres de la Sipo-SD de Lyon : le SS-Obersturmbannführer (lieutenant-colonel SS) Werner Knab (1908-1945), les sous-officiers Harry Stengritt et Krüll, des collaborateurs du PPF avec à leur tête Marcel Bergier et Charles Marandin, ainsi qu'une centaine d'auxiliaires français. 
8 septembre 1944, Il se rend à Rehaupal avec l'objectif de localiser un maquis.
14 septembre 1944, Le SS-Sturmbannführer (commandant SS) Wanninger recommande Klaus Barbie - déjà jugé dans un rapport de 1940 comme « discipliné, travailleur, honnête, amical, bon camarade, officier irréprochable » - pour une promotion au grade de SS-Hauptsturmführer (capitaine SS) en ces termes : « Klaus Barbie est connu au Quartier général comme un chef SS enthousiaste, qui sait ce qu’il veut. Il a un talent certain pour le travail de renseignement et pour la recherche des criminels. Sa plus grande réussite réside dans la destruction de nombreuses organisations ennemies. Le Reichsführer-SS Heinrich Himmler a exprimé sa gratitude à Barbie dans une lettre personnelle qui le félicitait pour la qualité de son travail dans la recherche des criminels et la lutte contre la Résistance. Barbie est [un officier] sur lequel on peut compter aussi bien sur le plan psychologique que sur le plan idéologique. Depuis sa formation et son emploi au sein du SD, Barbie a mené une carrière assidue en tant que directeur d’un service supérieur et, s’il n’y a pas d’objection, il est recommandé qu’il soit promu SS-Hauptsturmführer. »
Il s’enfuit de Lyon àprès la Libération de la France, il parvient, blessé, à gagner la ville de Baden-Baden et rejoint sa femme et ses enfants en Allemagne.
9 novembre 1944, Il est promu SS-Hauptsturmführer. En poste à Halle, puis à Düsseldorf et à Essen, il termine la guerre à Wuppertal.
Mai 1945, Recherché par les Alliés comme criminel de guerre, Il figure sur deux listes : à Londres, celle de la Commission des crimes de guerre des Nations unies (UNWCC : United Nations War Crimes Commission), sous le no 48 et le nom de Barbier, alias Kreitz, et, à Paris, celle du Registre central des criminels de guerre et des suspects pour raisons de sécurité (CROWCASS :Central Registry of Wanted War Criminals and Security Suspects), sous le no 57 et le nom de Barbie/Barbier/Barby/von Barbier/Klein/Kleitz/Mayer.
Fin 1945, L'ancien patron de la Gestapo de Lyon se fait discret, mais n'hésite pas à organiser, avec d'anciens SS, un réseau de résistance nazie. Cependant, en butte à l'indifférence de la population et à la répression des Alliés, ce réseau est vite infiltré et la plupart de ses membres arrêtés début 1947 (Operation Selection Board). Plusieurs fois arrêté, il réussit à cacher sa véritable identité et à s'évader.
11 Décembre 1946, Naissance de son fils Klaus-Jörg.
Avril 1947, Il croise Kurt Merk, ancien membre de l’Abwehr (services de renseignements allemands), qui le fait entrer au CIC (contre espionnage américain), à Augsburg. Il bénéficie de la protection des Américains en échange de ses services comme agent spécialiste de la lutte anti-communiste.
1948, Il est entendu par des policiers français dans le cadre du procès de René Hardy (1911-1987), accusé en France d’avoir trahi Jean Moulin et d’avoir prévenu les autorités allemandes de la réunion de Caluire. Il est l’objet de plusieurs demandes d’extradition de la part de la France.
Mars 1951, Accusé de vol par la police allemande, est exfiltré vers l'Argentine avec le concours des services secrets américains (CIA) et de Krunoslav Draganović (1903-1983). Dans sa fuite, il passe notamment par Vienne, où il est aidé par Kurt  Waldheim (1918-2007), Milan, Rome et Gênes.
23 avril 1951, Après avoir transité en Argentine pendant 10 jours, Barbie et sa famille arrivent à La Paz. Sous l'identité de « Klaus Altmann », il s'installe en Bolivie. Il dirige une petite scierie, puis il se lance en parallèle dans le commerce de quinine. Ce commerce dure pendant quatre ans, jusqu’à ce que les Boliviens construisent eux-mêmes une fabrique. Il se constitue un réseau de relations dans les groupes d’anciens généraux allemands, lié avec le pouvoir bolivien.
1952, En France, il est condamné pour crimes de guerre par contumace par le Tribunal permanent des forces armées de Lyon. 
1954, En France, il est une nouvelle fois condamné pour crimes de guerre par contumace par le Tribunal permanent des forces armées de Lyon. 
3 Octobre 1957, Il est naturalisé Bolivien sous le nom de Klaus Altmann.
1961, une enquête de la police allemande détermine qu’il s'est réfugié en Bolivie.
À partir de 1964, il collabore activement avec l'armée bolivienne et donne des conseils pour la recherche et la torture des opposants.
De 1965 à 1967, jusqu'à la mort de Che Guevara dans la jungle bolivienne, il semble qu'il soit de nouveau au service de la CIA.
Entre 1966 et 1967, D'après l'historien Peter Hammerschmidt, il aurait même travaillé pour le Service fédéral de renseignement de la République fédérale d'Allemagne  sous le nom de code Adler.
Mars 1966, Avec le soutien du général René Barrientos (1919-1969), au pouvoir depuis le coup d’état de 1964, il créé la compagnie maritime Transmaritima Boliviana, alors que la Bolivie n’a aucun accès à la mer. Elle lui aurait servi de couverture pour mettre sur pied un trafic d’armes au profit des militaires d’extrême droite. Il devient conseiller des colonels et participe à la préparation de l’arrivée au pouvoir du général Hugo Banzer (1926-2002), le 21 août 1971.
1969, Lorsque sa fille Ute (1941), mariée à Heinrich Messner, demande un visa pour l'Allemagne, les autorités découvrent finalement que « Klaus Altmann » est Klaus Barbie. Toutefois, face aux difficultés administratives, l'affaire est sur le point d'être classée quand les protestations de Beate Klarsfeld viennent la relancer.
1971, il soutient le coup d'État du colonel Hugo Banzer et pour conforter son régime, il crée une organisation paramilitaire d'extrême-droite les fiancés de la mort. Sa compagnie ayant fait faillite, il s'installe au Pérou.
1972, Beate (1939) et Serge Klarsfeld (1935) retrouvent sa piste.
Janvier 1972, TF1 diffuse pour la première fois une interview de Klaus Altmann, menée par Ladislas de Hoyos (1939-2011), qui a négocié auprès des autorités boliviennes la permission de le voir pendant cinq minutes dans la prison de La Paz où il a été enfermé pour une dette non payée. Relâché, Klaus Barbie, personnage important en Bolivie, est protégé par le régime Banzer jusqu'à sa chute en 1978.
1980, il participe à la préparation du coup d’état qui permet au général Luis Garcia Meza (1929) d’arriver au pouvoir. Il est nommé colonel honoraire des services de renseignements. Cependant, le gouvernement américain contraint le président bolivien à démissionner l'année suivante.
1981, Son fils, Klaus-Georg Altmann (11 décembre 1946) est décédé dans un accident de deltaplane près de Cochabamba.
Octobre 1982, La gauche revient au pouvoir en Bolivie avec l’arrivée à la présidence du socialiste Hernan Siles Suazo (1914-1996).
5 Novembre 1982, En France, Christian Riss, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Lyon, délivre un mandat d’arrêt contre Barbie-Altmann.
Décembre 1982, Son épouse Regina décède en Bolivie.
4 février 1983, Il est expulsé de Bolivie et conduit à Cayenne où il est arrêté par les autorités françaises.

                                                                                                                                                                    5 Février 1983, Il est conduit à la prison de Montluc, à Lyon, réaménagée par Robert Badinter (1928), alors ministre de la Justice. Cette prison même où il avait sévi.
Comme la prison de Montluc n’offre pas toutes les garanties de sécurité, le détenu est transféré à la prison Saint-Joseph, au centre de Lyon, où il attend son procès. Sur les conseils de sa fille Ute Messner, Klaus Barbie choisit pour avocat Jacques Vergès (1925-2013).
L’instruction dure plus de quatre ans. Écartant les “crimes de guerre” (pour lesquels Klaus Barbie a déjà été jugé par contumace), Christian Riss dresse la liste des accusations. Klaus Barbie est inculpé de crimes contre l’humanité à propos des faits suivants : • la rafle de la rue Sainte Catherine : le 9 juin 1942, quatre-vingt-six membres de l’Union Générale des Israélites de France (UGIF) sont arrêtés et conduits à la prison de Montluc. Soixante-dix-huit seront déportés à Auschwitz.
• L’arrestation des enfants d’Izieu : le 6 avril 1944, 44 enfants et 7 éducateurs sont arrêtés dans le home d’enfants juifs d’Izieu, près de Lyon. Parmi eux, 34 enfants et 4 adultes sont déportés : seule l’une d’entre eux, Léa Feldblum (1918-1989), reviendra.
• La déportation de plus de 600 personnes dans le dernier convoi du 11 août 1944.
• La torture de membres de la Résistance.









11 Mai 1987, Le procès s’ouvre devant la Cour d’assises du Rhône.
 
Trois jours après le début des audiences, il annonce qu’il refuse d’y comparaître. Il y sera forcé à deux reprises par le président de la cour André Cerdini.
3 juillet 1987, jour du verdict, à la question “avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?”, il répond : “J’ai combattu la Résistance, que je respecte, avec dureté. Mais c’était la guerre, et la guerre est finie.”
Après trente-six jours d’audience, après les dépositions des témoins, les plaidoiries des avocats, le réquisitoire du procureur général, les jurés délibèrent.
4 Juillet 1987, Après des heures d’attente, en pleine nuit, à 0h40, le verdict tombe : Klaus Barbie est déclaré coupable sans circonstances atténuantes des dix-sept crimes contre l’humanité dont il était accusé, et est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.
25 septembre 1991, Il meurt en prison Saint-Joseph à Lyon des suites d'un cancer du sang et de la prostate. Il sera enterré en Bolivie dans le caveau familial.


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